DR JOSEPH KREIKER
Membre du conseil exécutif de la Ligue maronite
Colère, oui de la colère; voilà ce que j’éprouve; 5 morts et 15 blessés à Qaa; les barbares de l’islam radical ont tué ; encore à l’aube du 28 juin 1978, les forces de l’armée syrienne avaient massacré 26 jeunes de Qaa. Je salue le courage et la ténacité des habitants du village; un courage que j’ai pu constater chez certains de mes amis rescapés des fusillades des forces syriennes. Les modérés, où sont-ils? Ils sont légion dans le monde musulman; ils devraient constituer le premier rempart de lutte contre les massacreurs de l’État islamique. Comment pourrais-je distinguer un musulman modéré d’un radical dans cette masse humaine de réfugiés syriens? Quels sont les critères qui les différencient les uns des autres avant qu’ils ne commettent leurs crimes? Les déplacés syriens et réfugiés palestiniens représentent 60% de la population libanaise; quel pays au monde peut supporter un tel flux migratoire? Un fléau sociopolitique, économique, démographique et sécuritaire. Que personne ne s’aventure à nous donner des leçons d’humanisme. Nous connaissons tous les chemins et les rouages de l’action humanitaire pour l’avoir pratiquée sans relâche pendant les 15 ans de guerre. Je peux vous l’affirmer en toute confiance et conscience que nous avons soigné sans distinction de race, de religion, de couleur toutes les victimes de la guerre, nous avons lutté contre la précarité, la pauvreté et l’illettrisme ; notre action généreuse s’est toujours adressée aussi bien aux nôtres qu’à nos ennemis ; j’ai sillonné le pays du sud au nord et d’est en ouest pour soigner les malades et les blessés de guerre dans tous les camps, avec les ONG nationales et internationales. Actuellement, toutes nos ONG, les organismes humanitaires internationaux et les ministères déploient une énergie extraordinaire pour aider les réfugiés syriens. Je tiens cette fois-ci à dire qu’il est impardonnable qu’on puisse permettre l’explosion du Liban au nom de l’humanitaire. Quelques chiffres du jihadisme en France : 20 000 personnes font l’objet d’une fiche dite S de renseignement dont 10500 pour appartenance ou lien avec la mouvance islamique. Au Liban, avec deux millions de déplacés, quel serait le nombre de personnes liées au jihad ? Incalculable ! Les terroristes se sont infiltrés partout sur notre territoire ; ils représentent un danger réel et grave. Je ressens aussi de la tristesse pour les victimes et de l’inquiétude pour l’avenir car les takfiristes de l’État islamique mènent un combat idéologique au nom de l’islam se donnant le droit religieux d’exterminer tous leurs ennemis ; Les responsables politiques locaux ne devraient guère accepter que l’Onu sous l’égide de Ban Ki-moon puisse proposer des solutions aux tragédies en cours qui sèmeraient les graines de nouvelles tragédies encore plus meurtrières. Les malheurs du monde sont une responsabilité partagée. La communauté internationale et les grandes puissances impliquées dans ces conflits doivent prendre des mesures concrètes, à savoir: protection de nos frontières solution politique aux conflits du Moyen-Orient, retour des déplacés dans des zones sécurisées sur leur territoire national. Ce serait une action humanitaire bien plus louable que de les déposséder de leurs identités nationales et culturelles, et de nous exposer aux pires explosions meurtrières qui faucheront des innocents. Sinon, tous les milliards de dollars du monde ne suffiront pas à éteindre les feux des incendies identitaires. Attention, l’État islamique frappe à nos portes.
L’orient le jour
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6/7/2016